Belinda Davids enflamme le Fémina

Belinda Davids enflamme le Fémina
Il y a des soirées où l’on retient son souffle, où chaque note vous traverse, où l’émotion vous colle à la peau. Ce jeudi soir, c’est tout cela que Belinda Davids a offert au public bordelais : un hommage vibrant, sincère et magistral à Whitney Houston. Ce n’était pas juste un concert hier soir, c’était une déflagration, un uppercut vocal et on allait vite comprendre pourquoi.
Dès les premières minutes, une chose frappe : la voix. Puissante, juste, enveloppante, elle surgit des entrailles de cette artiste sud-africaine comme un miracle. Une voix rare, inouïe, capable de couvrir les quatre octaves légendaires de la diva disparue. Nous ne sommes pas dans une imitation mais une incarnation.
Dès les premières notes de « Run to You », la salle retient son souffle dans une ambiance de clair-obscur où d’un coup une silhouette apparait. L’interprétation est d’une pureté troublante, il suffit juste de fermer les yeux pour s’en rendre compte. Belinda ne copie pas, elle ressuscite avec sa propre sensibilité cette icône qui a marqué des générations. Puis vient « Didn't We Almost Have It All » et l’émotion monte, transcende, frémit. On entend les soupirs, les respirations sont saccadées, le silence devient sacré devant une telle performance. Pas de doute, le public est conquis. Certains ferment les yeux, d’autres laissent couler une larme discrète. La magie opère.
Sur *If I Told You That* et *When You Believe*, la salle commence à se balancer, les regards brillent, l'énergie monte. Chaque chanson est une onde, une mémoire, un frisson. Le public suit, accroché à chaque nuance comme transporté.
Chacune de ces chansons nous prend par la main. Elle nous replonge dans nos souvenirs, nos amours perdus, nos espoirs intacts. C’est à la fois doux et bouleversant.
Entre chaque morceau, Belinda s’adresse au public avec douceur, entre les morceaux faisant l’effort de parler aussi le français. Avec une humilité désarmante, elle ne se place jamais au-dessus. Elle est là, avec nous, pour Whitney.
La mise en scène lumière est assez impressionnante et puissante. Le mélange parfait qu’il faut pour sublimer la musique : une scénographie dynamique et efficace, des musiciens très investis et redoutablement efficaces sans oublier une présence scénique qui capte tout. Belinda Davids, c’est une voix qui touche l’âme. Une femme qui chante comme on respire, comme on pleure, comme on aime.
Avec « Where Do Broken Hearts Go » et « It’s Not Right But It’s Okay », Belinda Davids change de registre. Elle entre dans la puissance, dans l’attitude. Ça groove, ça vibre, le corps répond. Puis arrivent « I’m Your Baby Tonight » et « How Will I Know », et là, plus de doutes : le Théâtre Fémina bascule dans la fête.
Quand elle entonne « The Greatest Love of All », une vague d’applaudissements précède la fin du morceau. Le public se lève, comme transporté. Des standing ovations spontanées, sincères, comme une vague d’amour qui clôture ainsi cette belle première partie.
Après l’entracte, vient « I’m Every Woman », véritable explosion de joie, suivie par « My Love Is Your Love », touchante, intime, presque chuchotée par moments. Belinda insuffle une tendresse joyeuse, il n’y a plus de distance, le théâtre entier bat à l’unisson. C’est là que l’on comprend : Belinda Davids ne joue pas un rôle, elle vit chaque chanson et nous avec.
L’émotion atteint un pic avec « One Moment in Time ». Cette chanson-là…, elle frappe au cœur. On ne respire plus, on laisse couler. On a vu des couples se prendre la main, des visages inondés de larmes. « Million Dollar Bill » vient rallumer les lumières intérieures pour laisser place à la prestation tant attendue.
Arrive enfin le sommet, attendu, redouté, inévitable : « I Will Always Love You ». Cette chanson, comme un cri d’amour ultime, Belinda Davids le porte avec une délicatesse infinie, elle ne force jamais, elle donne tout. Le silence puis la tension et enfin la montée. Cette note tenue, comme suspendue. La salle explose, lance une standing ovation, on sent les frissons parcourir les travées du Fémina et dans ce théâtre à l’italienne, l’acoustique impeccable donne encore plus de relief à la performance. Chaque vibration semble résonner dans les murs, comme si Whitney elle-même planait quelque part au-dessus de la scène. Le climax émotionnel est atteint et ne redescendra pas.
La dernière ligne droite est une montée d’adrénaline pure. Belinda Davids enchaîne avec « Saving All My Love for You », « So Emotional », « I Wanna Dance With Somebody », là, tout le monde est debout, sans exception. Un moment suspendu, intergénérationnel et profondément humain, tout ce dont on a besoin en ce moment.
Enfin pour clôturer cette belle soirée, l’immanquable «I Have Nothing ». Final déchirant, voix nue dans une magnifique robe rouge, public debout, gorge nouée. Tout le monde est debout, le Fémina tremble sous les applaudissements, on ne veut plus que ça s’arrête. Quand les lumières se rallument, on met quelques secondes à redescendre, certains restent assis, bouleversés, d’autres s’enlacent. Il y a quelque chose d’indescriptible qui plane encore dans la salle.
Belinda Davids ne s’est pas contentée de rendre hommage à Whitney Houston. Elle la réveille, la réinvente, sans jamais trahir son essence. On sort du spectacle ému, presque secoué, avec cette impression rare d’avoir touché du doigt quelque chose de plus grand que soi. Et ceux qui étaient là savent qu’ils ont assisté à bien plus qu’un concert: Ils ont partagé un moment de grâce. Et à Bordeaux, ce soir-là, on s’est tous sentis un peu plus vivants.
Elodie MORREEL / Arnault CHENE pour Destination-Live.com - Juin 2025
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