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De Pékin à Lampedusa

Samia Yusuf Omar est née en 1991 en Somalie, l’année où la guerre civile a éclaté. Elle grandit au milieu sa famille avec l’insouciance de l’enfance jusqu’au jour où en plein coeur de Mogadiscio son père est tué . Elle a 16 ans et ce drame la bouleverse .

Elle trouve refuge dans l’athlétisme. Elle court pour oublier, elle court pour ne pas sombrer, elle court pour avancer. Elle réussit à se faire remarquer et participera aux jeux olympiques de Pékin. Avec des chaussures trop grandes elle sera loin  derrière les finalistes mais elle est heureuse. Elle sait qu’avec de l’entrainement elle peut y arriver et vise les jeux olympiques de Londres. 

De retour en Somalie la vie se complique. On lui interdit de courir, le climat est de plus en plus oppressant. Elle n’a pas le choix, si elle veut réaliser son rêve et avoir une vie meilleure la seule solution est l’exil. 

Elle ira en Ethiopie où elle ne pourra pas s’entrainer car elle n’a pas de papier. Elle rêve d’Europe, sa décision est prise direction Lampedusa. Elle a conscience que le chemin sera rude, qu’elle peut ne pas y arriver, qu’elle peut mourir mais elle n’a pas le choix. 

Elle traverse une partie de l’Afrique, le Moyen -Orient certains meurent, certains se font violer, il y a des jeunes, des vieux, des enfants, des hommes et des femmes. Ils ont faim, ils ont soif, ils ont peur. Les passeurs sont d’une cruauté inimaginable. Tout le monde se tait, personne n’ose se regarder. Dans ce no man’s land elle essaye de survivre, ses espoirs se transforment en doutes, ses rêves en cauchemars. 

Non loin des côtes Italiennes, le bateau fera naufrage, elle meurt alors qu’elle tentait de rejoindre les cordes jetées par les sauveteurs italiens. Elle n’était pas seule, elle portait un enfant conçu dans l’enfer. Elle avait 21 Ans. 

 

Le texte de Gilbert Ponté est puissant et violent... Sans aucun jugement, il nous raconte l’enfer de ceux qui ont décidé de partir. A la fois poétique et émouvant il rend un bel hommage à cette jeune athlète. 

Seule sur scène Malika .R Johany est époustouflante. Elle est dans la peau de cette jeune femme. A la fois forte et faible, drôle et émouvante, optimiste et pessimiste. Que ce soit dans le regard ou dans la gestuelle elle nous offre une prestation à couper le souffle. 

De Pékin à Lampedusa est une pièce brulante d’actualité. L’auteur rend un bel hommage à Samia Yusuf Omar mais aussi à tous les exilés, aux morts, aux vivants qui ne sortiront pas indemnes de ce long voyage. 

La force de cette pièce est qu’il n’y a ni voyeurisme, ni surenchère mais un destin livré à l’état brut. La comédienne porte seule ce texte sur ses épaules en véhiculant un message d’espoir, malgré le dramatique. Une jeunesse est représentée, celle qui ne veut pas vivre ce que l’on lui impose, celle qui garde espoir et croit en ses rêves malgré le contexte, celle qui écrira le futur. 

Une pièce à découvrir aussi bien pour son humanité que pour son humilité, sa force et sa sensibilité.

Nathalie

  • L’Essaïon Théâtre

  • 6, rue Pierre au lard

        75004 Paris

 

      De et mise en scène 

      Gilbert Ponté

      Avec

      Malyka R. Johany

       À l'affiche :

      Jusqu’au 9 janvier 2018

      les lundis et mardis à 19H45

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